Histoire géologique des Pyrénées
Pour comprendre la géologie, il faut changer nos unités de mesure habituelles et compter en millions d'années.
Les Pyrénées sont des montagnes "jeunes", qui ont pris naissance dans une mer il y a 40 millions d'années suite à la rencontre et à la collision de deux morceaux de la croûte terrestre.
Mais, nous pouvons retracer l'histoire de cette chaîne montagneuse bien longtemps avant : au début de l'ère primaire, il y a 500 millions d'années.
La mer était déjà là comme le confirment les fossiles trouvés dans les dépôts de sédiments. En observant les formes de certains dépôts de sédiments plus ou moins écartés les unes des autres, on peut imaginer des rives et des berges de rivières.
Tout au long de l'ère primaire, les couches de dépôts se sont accumulées et progressivement transformées en roches. Vers la fin de l'ère primaire de grands mouvements géologiques ont bouleversé l'ensemble et donné naissance à l'éruption d'une gigantesque chaîne de montagnes. On appelle cet épisode l’orogenèse hercynienne, dans les profondeurs, des poches de magmas montent et se figent, les roches profondément enfouies et chauffées se transforment, des fluides bouillants transportent des minéralisations.Tout en haut, l’érosion a déjà commencé son travail de destruction et quelques dizaines de millions d’années suffisent à raboter cette énorme chaîne. Au milieu de roches sédimentaires plissées et métamorphisées affleurent alors les matériaux profonds : massifs granitiques et métamorphiques, filons minéralisés.
Nous sommes à l’ère tertiaire : la chaîne émerge, les anciennes cassures rejouent, le vieux socle aplani est porté en altitude par ce renouveau géologique, écrasant les terrains qui l’avaient recouvert et qui glissent les uns sur les autres.
Et le cycle géologique continue. L’érosion favorisée par le climat chaud et humide de l’époque tertiaire attaque la nouvelle chaîne et les rivières déposent à ses pieds des quantités considérables d’alluvions (sables et galets). L’édifice actuel est constitué : montagne « jeune » dont les plus hauts sommets sont souvent faits de roches très anciennes.
Durant le dernier million d’années de cette longue histoire ce sont de vastes glaciers qui modèlent les vallées et les cirques, paysages que nous admirons aujourd’hui. Pendant ce temps, les eaux souterraines creusent dans les roches calcaires d’importants réseaux de grottes.
Et nous voilà. Nous regardons l’espace d’une seconde (si nous comparons notre vie aux temps géologiques) ces montagnes pleines de pierres inertes. Mais cet immobilisme n’est qu’apparent. De récents tremblements de terre (Pyrénées Centrales et Occidentales) nous rappellent qu’une vie interne profonde continue de se dérouler. Ils sont l’expression brutale et localisée de la croissance d’une montagne. Quant à l’érosion que nous pouvons surprendre lors d’une simple chute de pierres, elle continue son travail d’usure, modélant lentement un paysage décidément bien vivant.
—Didier Fert,
Docteur en Géologie