Les granges à pas d'oiseau de Cominac
Ou pignons à redents, « pënau » en patois
Cominac est un petit hameau situé à 5 km du village d’Ercé, étalé sur un vaste plateau ensoleillé. Il bénéficie d’une vue panoramique exceptionnelle sur les montagnes d’Aulus et sur le massif du mont Valier. Les prés sont parsemés de granges en pierre dont les pignons ont une forme très particulière.
Beaucoup de visiteurs se posent la question : pourquoi tant de granges autour d’un aussi petit village ?
Les habitants de Cominac étaient principalement des éleveurs de bovins, l’élevage étant pratiquement la seule agriculture possible dans un climat de montagne à 800 m d’altitude et un terrain en pente. Il fallait donc beaucoup de foin pour les bêtes en hiver. Les éleveurs possédaient beaucoup de petits prés dispersés autour du village avec comme moyen d’accès des petits sentiers accidentés. Ils ont donc construit une grange sur chaque pré ou ensemble de prés pour stocker le foin et à partir du mois de novembre les vaches ou brebis sont gardées autour des granges; elles broutent le pré et reçoivent du foin en complément.Quand le foin d’une grange est épuisé, l’éleveur les amènent vers la prochaine grange en se rapprochant du village afin d’utiliser au plus dur de l’hiver la grange la plus proche de l’habitation et éviter les longues marches épuisantes dans la neige. En été les vaches étaient et sont toujours encore en estive en haute montagne, ce qui permet de faire les foins.
Autrefois ces granges à l’architecture très typique étaient couvertes en paille de seigle ou de blé. Ces céréales étaient cultivés sur les nombreuses terrasses aux alentours du village. C'était le matériau de couverture des pauvres qui ne se payait qu’en temps et en sueur.
De nos jours ces cultures n’existent plus, la plupart des terrasses sont envahis par la fôret et par conséquent les toitures ne sont plus rénovés en chaume mais remplacé par de l’ardoise et malheureusement aussi par de la tôle.
Les murs sont constitué par de grosses pierres de granit tandis que les dalles sont en schiste. Les dalles qui forment les gradins sont nommés « Peyrous » en patois du Couserans et servaient à :
- protéger les murs pignons
- donner un arrêt à la chaume et la protéger pour qu’elle ne pourrisse pas trop vite et devienne une proie facile pour les coups de vent
- permettre d’accéder à la faitière -- « cliero » en patois -- mais ce rôle là n’était que secondaire.
Au faitage la paille dépassait du côté nord pour recouvrir et protéger l’autre (on utilise encore le même système pour les toits en ardoises). Ce côté plus haut est le mauvais côté, c’est à dire celui qui est exposé aux intempéries. Les gerbes étaient fixés la tête en bas et fixé par des lattes en bois de frêne ou osier (laterous).
La pente d’un toit de chaume est très raide (45 ° environ) ce qui permet d’évacuer rapidement l’eau de pluie et le toit sèche très vite.
Un toit en chaume a une longue durée de vie (40 à 50 ans) mais demande un entretien annuel de rapiéçage.
On retrouve ce type d’architecture également dans les Hautes Pyrénées dans la vallée de Campan.